La troisième saison de « The Bear » n’est pas encore disponible sur Disney+, mais comme elle est déjà diffusée sur Hulu dans d’autres régions, nous avons pu nous arranger pour visionner les premiers épisodes. Et voici notre avis, qui ne ravira peut-être pas les fans…
Le criminel de guerre défunt Henry Kissinger aurait dit un jour : « L’avantage d’être une célébrité, c’est que si vous ennuyez les gens, ils pensent que c’est leur faute. » C’est une citation intéressante, malgré sa source, qui me revient souvent en tête ces dernières années en regardant certaines séries télévisées. Plus particulièrement, je pense aux séries dites « prestige » qui, après avoir été acclamées lors de leurs premières saisons, perdent en qualité tout en conservant une aura qui empêche de reconnaître leur déclin. Nous excusons leurs défauts, la confusion narrative est prise pour de la sophistication, et nous continuons de regarder, comme si c’était notre faute si la série perd de son attrait.
Lorsque « The Bear » a été diffusée pour la première fois sur FX en 2022, elle a été une surprise agréable. Cette série, centrée sur une sandwicherie familiale à Chicago, se distinguait par sa spécificité et son énergie inventive. Les performances des acteurs, notamment Jeremy Allen White en tant que chef prodige Carmy Berzatto, Ebon Moss-Bachrach en tant que « cousin » Richie Jerimovich, et Ayo Edebiri en tant que sous-chef Sydney Adamu, étaient remarquables et ont été largement récompensées. La première saison de « The Bear » était précise et bien observée, racontant avec acuité l’histoire d’un restaurant et de ses employés. Les nombreuses scènes de préparation de sandwiches au bœuf de Chicago ajoutaient une touche appétissante à l’ensemble.
Cependant, la deuxième saison, sortie en 2023, n’a pas réussi à maintenir ce niveau de qualité. Ce qui avait été perçu comme de l’assurance s’est transformé en introspection excessive. Les techniques narratives telles que les flashbacks et la chronologie fragmentée, qui semblaient fraîches au début, ont fini par paraître artificielles et forcées. Les séquences de montage et les longs plans-séquences, déjà abondants dans la première saison, sont devenus envahissants. L’introduction de Claire (Molly Gordon), un intérêt amoureux mal défini pour Carmy, n’a fait qu’aggraver la situation, son personnage étant relégué à celui de la petite amie toujours compréhensive. Pire encore, « The Bear » est devenue ennuyeuse, perdant le sens clair de sa première saison.
Pourtant, la série a continué à recevoir des récompenses et des critiques élogieuses, même si ces dernières reconnaissaient souvent les défauts mentionnés. Les critiques et les fans semblaient réticents à admettre que « The Bear » avait perdu en qualité, comme si le reconnaître équivalait à avouer une insuffisance personnelle.
Après avoir visionné toute la troisième saison, il est évident que « The Bear » est une mauvaise série, ennuyeuse et artificielle. En l’absence de véritable progression narrative ou de développement des personnages, la série se contente de reproduire des manières et des affectations, espérant que son public confondra ces artifices avec une bonne télévision. Les flashbacks incessants, les prises de vue ostentatoires, les personnages célèbres en caméo et les morceaux de musique omniprésents ne peuvent masquer le manque de substance. En fin de compte, la série ne fait que rappeler de meilleures œuvres sans parvenir à créer la sienne propre.
« The Bear » avait le potentiel d’être une grande série, explorant les sacrifices personnels nécessaires à la poursuite de la grandeur créative. Au lieu de cela, elle se réfugie dans des clichés mélodramatiques, peignant son protagoniste en victime de traumatismes plutôt qu’en créateur complexe. Malgré ses débuts prometteurs, « The Bear » s’est révélée décevante, perdant son cap et dilapidant son potentiel initial.