Dans l’univers des romances hollywoodiennes, les écarts d’âge sont loin d’être une nouveauté, avec l’habituelle formule de l’homme plus âgé tombant amoureux d’une jeune femme. Mais une nouvelle tendance semble émerger : cette fois-ci, ce sont les femmes plus âgées qui tombent sous le charme d’hommes plus jeunes. Des films comme Lonely Planet, avec Laura Dern et Liam Hemsworth (The Witcher), surfent sur cette vague en inversant les rôles. Cependant, au-delà de cette inversion, une question persiste : à quel point ces histoires sont-elles crédibles ?
Réalisé par Susannah Grant, Lonely Planet nous transporte dans un cadre idyllique, une retraite d’écriture au Maroc. Katherine (interprétée par Dern), 57 ans, peine à finir son livre lorsqu’elle rencontre Owen (Hemsworth), un jeune homme de 33 ans venu avec sa petite amie. Une histoire d’amour naît, comme souvent dans ce genre de films, au milieu de paysages enchanteurs, où tout semble parfait.
Mais c’est justement là que le bât blesse. Ce n’est pas seulement la différence d’âge qui interroge, mais tout l’environnement narratif qui paraît déconnecté de la réalité. Que ce soit le cadre exotique, les carrières prestigieuses ou les dialogues ciselés à l’excès, tout semble fait pour entretenir un idéal romanesque qui, soyons honnêtes, n’a que peu à voir avec le quotidien du spectateur moyen.
Hollywood a toujours eu un penchant pour les romances idéalisées, mais ces films vont encore plus loin en rendant presque tout irréel. Le personnage principal est une écrivaine en panne d’inspiration, Owen est jeune, séduisant, et son occupation semble vague mais prestigieuse, et tout cela se passe dans un coin de paradis au Maroc. Où sont les histoires de gens ordinaires, avec de vrais problèmes, qui ne se rencontrent pas forcément dans des lieux paradisiaques mais dans le chaos de la vraie vie ?
Ce phénomène ne se limite pas à Lonely Planet. Des films comme The Idea of You avec Anne Hathaway et Nicholas Galitzine, A Family Affair avec Nicole Kidman et Zac Efron, et Babygirl avec Kidman et Harris Dickinson, partagent le même schéma : une romance improbable entre des personnages aux vies extraordinaires, souvent dans des lieux de rêve, où tout semble trop parfait.
Certes, il est important de diversifier les récits et de présenter des relations plus variées à l’écran. Mais il serait aussi grand temps que l’on cesse de prendre les téléspectateurs pour des imbéciles en leur vendant des histoires cousues de fil blanc, où tout le contexte est si éloigné de la réalité qu’il en devient risible. La romance entre une femme plus âgée et un homme plus jeune peut être un sujet intéressant, mais encore faudrait-il qu’elle soit ancrée dans des situations plus authentiques et des personnages auxquels on peut réellement s’identifier.
Au final, si Lonely Planet et ses semblables prétendent offrir une nouvelle perspective sur l’amour, ils nous présentent surtout des fictions stéréotypées où l’on peine à reconnaître quoi que ce soit de tangible. En tant que public, peut-être est-il temps d’exiger des histoires qui non seulement reflètent la diversité des relations humaines, mais aussi des contextes qui font sens. Parce qu’au fond, ce n’est pas seulement l’écart d’âge qui pose problème dans ces films, c’est tout le reste : des cadres irréalistes, des carrières impossibles à généraliser, et une idéalisation permanente qui, à force, devient fatigante.
Lonely Planet sortira le 11 octobre sur Netflix.