Le réalisateur de « Harry Potter » David Yates nous livre un film sur les pratiques obscures de vente de produits pharmaceutiques qui ont contribué à déclencher la crise des opioïdes.
« Pain Hustlers » (Marchands de Douleurs en français) s’ouvre sur un personnage qui différencie les méfaits de son entreprise de ceux d’un titan de l’industrie pharmaceutique bien connu : « Nous ne sommes pas Purdue Pharma. Nous n’avons pas tué l’Amérique ». Certes, les employés de Zanna Therapeutics, une société pharmaceutique fictive, n’ont pas colporté leur analgésique opioïde dans les mêmes proportions que Purdue, mais cela ne les rend pas moins coupables.

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L’histoire :

Liza Drake (Emily Blunt), une mère célibataire issue de la classe ouvrière, est dans une situation précaire après avoir perdu son emploi. Si sa rencontre fortuite avec Pete Brenner (Chris Evans), un représentant pharmaceutique, lui laisse entrevoir des jours meilleurs, elle la plonge, dans le même temps, dans une dangereuse affaire d’extorsion. Confrontée à un patron de plus en plus instable (Andy Garcia), à l’aggravation de l’état de santé de sa fille (Chloe Coleman) et à une prise de conscience croissante des dégâts causés par l’entreprise, Liza se voit contrainte de réévaluer ses choix. Marchands de douleur offre un regard perçant et révélateur sur les décisions radicales que le désespoir et la cupidité peuvent pousser à prendre. Réalisé par David Yates, lauréat d’un BAFTA, et produit par Lawrence Grey, le film met également en scène Catherine O’Hara, Jay Duplass et Brian d’Arcy James.

En adaptant le livre The Hard Sell : Crime and Punishment at an Opioid Startup d’Evan Hughes, David Yates façonne un long métrage au rythme effréné qui remet en lumière Insys (la source d’inspiration de Zanna). Les employés de cette startup, y compris son fondateur milliardaire excentrique John Kapoor, avaient été accusés en 2019 de conspiration et de racket.

Des chemins (trop) sinueux

Cependant, malgré la performance saisissante d’Emily Blunt, le changement de comportement de Liza entre le désir de gagner de l’argent rapidement et ses doutes sur les pratiques de la compagnie est trop brusque pour qu’on y adhère. « Pain Hustlers » n’atteint pas tout à fait son apogée émotionnel. Le film revient à son cadre documentaire, interrompant le récit pour donner à chaque personnage – y compris les patients dont la vie a été bouleversée par Zanna et les fautes professionnelles de leurs médecins – une chance de raconter son histoire. En théorie, ces moments permettent aux spectateurs de prendre conscience de l’ampleur de l’épidémie, mais en pratique, ils risquent de détourner leur attention.

Avec pour toile de fond la crise des opioïdes, « Pain Hustlers » soulève toutefois une question essentielle : « Combien d’entre nous saisiraient une occasion de changer leur vie en sachant, au fond d’eux-mêmes, que le prix à payer pourrait être fatal ? »

« Pain Hustlers » dès le 27 octobre sur Netflix.

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